LE SAINT SUAIRE Au cours de son transfert de Chambéry à Turin, le Linceul qui fut le premier et se trouve être le dernier témoin de la résurrection de Notre Seigneur Jésus Christ, séjourna en la citadelle du Château de Nice de 1536 à 1543 . C’est en mémoire de ce séjour que fut fondée en 1620 dans cette ville la Confrérie du Saint Suaire. La première chapelle de cette Confrérie, bâtie dès 1621, consacrée le 24 Février 1623, fut édifiée dans l’enceinte du premier hôpital Saint-Eloi Saint Roch au nord du Cours Saleya. Il n’en reste qu’une pierre, aujourd’hui scellée dans le choeur du nouveau sanctuaire. Celui-ci, édifié à partir du 16 Octobre 1657, jour où l’évêque de Nice bénit la première pierre, fut béni et ouvert au culte le 1er février 1659. Cet édifice a connu en 1792 les dévastations des armées révolutionnaires avant d’être restitué à l’état de ruine en 1824 à la Confrérie grâce à la générosité du roi Charles Félix . Il fut presque entièrement reconstruit en 1825. Il faut, pour expliquer ceci, refaire un peu d’histoire, et en particulier l’histoire savoyarde du Linceul de Turin en rappelant que dès 1388 le comté de Nice s’est donné à la Maison de Savoie. Après son arrivée en France (en Champagne), et son séjour à Lirey où la famille de Charny avait fait bâtir une collégiale pour y abriter la Sainte Relique, » Marguerite de Charny fit un riche présent au Duc Louis : la précieuse relique du Saint Suaire, que Geoffroy, Seigneur de Charny, son aïeul, avait auparavant donnée à l’Eglise de Lirey, qu’il avait fondée en l’an 1356 et qui avait été longtemps gardée au château de Saint Hippolyte en Comté (*) . Louis de Savoie déposa la précieuse relique en l’église des franciscains de Chambéry (actuelle cathédrale). Le 11 juin 1502 on la transporta en la chapelle du château ducal qu’on appela dès lors la Sainte Chapelle . C’est dans cette chapelle que le 4 décembre 1532 au matin se déclara un incendie. Il faillit détruire le Saint Suaire qui en porte depuis les traces que l’on sait. Il fut sauvé par « le conseiller et gentilhomme de chambre du Duc Charles III, Philibert de Lambert, accompagné de deux religieux cordeliers et de plusieurs serruriers »(**) Des bruits coururent que le Saint Suaire avait été complètement détruit et Rabelais lui-même s’en fit l’écho dans la Vie de Gargantua et Pantagruel (livre Ier chap.27 tome 1, page 54, 2ème édition Bry, Paris 1868). Devant les doutes soulevés par l’authenticité de la Sainte Relique, le Duc Charles III en demanda la reconnaissance officielle. Elle lui fut octroyée par le Pape Clément VII le 15 avril 1534 . Cette reconnaissance se fit après un examen des plus minutieux effectué par un cardinal et plusieurs évêques qui s’empressèrent de déclarer, sous serment, que le Suaire qu’ils avaient sous les yeux était bien le Saint Suaire qu’ils avaient vu et vénéré avant l’incendie. Après une restauration effectuée avec une grande patience et une grande dévotion par les soeurs Clarisses, la Sainte Relique reprit sa place dans la Sainte Chapelle de Chambéry. (*) : Guicheron dans l’Histoire Généalogique de; la royale maison de Savoie édition de Turin 1778 tome 2, page 88 . (**)Abbé Léon Bouchage : brochure page 7 |
LE SAINT SUAIRE À NICE Lorsqu’en 1536, le Duc de Savoie, Charles III , se vit forcé d’abandonner Chambéry et ses Etats au-delà des Alpes, il transporta le Suaire de Chambéry à Turin ; l’occupation de cette ville par l’armée française paraissant imminente, Charles se réfugia à Verceil puis s’en vint à Nice. La Duchesse Béatrix et son fils Emmanuel-Philibert s’étaient déjà installés chez nous. Il paraît que c’est alors que le Duc Charles III apporta le Saint Suaire à Nice. Les historiens et les quelques documents que nous avons consultés à ce propos, ne nous expliquent pas clairement si la relique sacrée a été apportée directement de Turin à Nice, ou si, avant d’arriver dans notre ville, elle fut transportée à Verceil. Il est bien certain qu’au printemps de l’année 1537, elle était renfermée dans le château de Nice. Gioffredo nous l’assure dans l’Histoire des Alpes Maritimes, au livre dix-neuvième, an 1538, colonne 1337. Une autre interrogation se pose : Le Saint Suaire a-t-il été exposé à Nice ? Le chanoine Pierre Michel de Villarey, dans la série chronologique des évêques de Nice, lorsqu’il évoque Monseigneur Jérôme Arsago, nous apprend que : » il Vescovo ebbe la bella sorte insieme ad altri Vescovi di mostrare il SS Sudario alla presenza del Duca, delle Corte e di un numerosissimo concorso di popolo e di forestieri « Jean-Baptiste Toselli, dans le Précis Historique de Nice, tome 1er, première partie, chapitre vingtième, nous dit d’abord à la page 21 que Charles III » envoya à Nice, pour plus de sûreté, les bijoux de la couronne, les contrats et les papiers les plus importants de ses archives, ainsi que la précieuse relique du Saint Suaire ; le tout fut enfermé dans la tour Bellanda » ; à la page 123, il ajoute : » Monseigneur Jérôme Arsago, voulant implorer par des prières la clémence du ciel sur tant de calamités, obtint du Duc la permission d’exposer en public la relique du Saint Suaire. Ce fut le 29 mars 1537, jour du Vendredi Saint, que cette exposition eut lieu à la vénération des fidèles , au haut de la tour Bellanda qui domine le rocher des Ponchettes et dont on voit encore aujourd’hui les restes d’une partie reconstruite. « Le Guide des Etrangers à Nice, publié en 1826, écrit à la page 85 » C’est dans cette tour (Bellanda) que furent enfermés, pendant l’enfance d’Emmanuel-Philibert, les trésors de l’Etat, et c’est au haut de la même tour que, le Vendredi Saint 30 mars 1537, on exposa à la vue du peuple le Saint Suaire que l’on conserve à Turin, dans la chapelle de ce nom. « C’est cette date qui, après vérification par l’astronome de l’observatoire de Nice, s’est révélée être exacte. Certains ont émis des doutes sur la réalité de cette ostension, or le grand historien de la famille de Savoie, Pierre Gioffredo, niçois de souche, la confirme dans sa « Chorographie des Alpes-Maritimes » à la fin du chapitre IX » C’est de cette tour qu’à l’époque du Duc Charles le Bon, on montra le Très Saint Suaire, pendant le temps où il était gardé dans le Château ». Cette Ostension a donc eut lieu le Vendredi Saint 1537 et la présence du Linceul dans le château de Nice pendant 7 années consécutives à partir de l’été 1536 est confirmée. La présence du Saint Suaire au château de Nice est à l’origine d’un fait des plus piquants. Le Pape Paul III (Farnese) désirant amener François 1er et Charles Quint à conclure une paix durable pour l’Europe, obtint qu’un congrès entre ces deux princes eût lieu dans notre ville. Le Pape, par l’intermédiaire de l’empereur Charles Quint, fit demander au Duc Charles III de Savoie, qu’il lui cédât notre château pour y demeurer pendant son séjour à Nice. Le Conseil du Duc repoussa la demande de l’Empereur et du Pape, au motif qu’il : » ne peut bonnement remettre la forteresse à nul quel qu’il soit, premièrement pour le service de Dieu qu’est le Saint Suaire, que repose dedans, et qu’il a pleu à Dieu le faire tomber entre les mains de sa maison, et qu’il croit que le dict Reliquaire l’ait aidé à conserver ce qu’il voudroit tant qu’il plairoit à Dieu l’abandonner, ni s’en fier pour être tel Reliquaire à nul autre vivant tant qu’il plaira à Dieu. « Après un séjour de plusieurs années à Nice, jusqu’en 1543, la Sainte Relique retourna à Chambéry, via Turin. Emmanuel-Philibert fils de Charles III devenu Duc de Savoie, amena à son tour le Saint Suaire à Turin pour le porter à la vénération de Saint Charles Borromée qui avait décidé un pèlerinage à pied de Milan vers la capitale savoisienne, voulant par là écourter le voyage de l’archevêque de cette ville. Depuis cette année 1578, le Saint Suaire est resté à Turin où fut spécialement construite, attenante à la Cathédrale, une chapelle vouée à sa conservation. Les Chambériens pensent encore actuellement que la Sainte Relique leur appartient, mais cependant, nous pouvons voir dans ces faits une intervention de la Divine Providence. En effet, le comportement des armées révolutionnaires françaises , qui mirent le feu au palais ducal et détruisirent, à la masse, tous les bas-reliefs de la Sainte Chapelle, laisse imaginer quel funeste sort aurait été réservé au Linceul Sacré. Le fait de se trouver alors à Turin a, sans aucun doute, sauvé une fois de plus le Saint Suaire de la destruction. REGARDEZ Les VIDEOs : https://gloria.tv/video/1uEWNie86gvm4WE1rrXBwRb9f et https://www.youtube.com/watch?v=lIREkcIQSME Bibliographie Parmi l’abondante littérature parue sur le Saint Suaire, la Confrérie des Pénitents Rouges a sélectionné pour vous : Le Saint Suaire de Turin, LINCEUL du CHRIST, Roland Marghieri. Serre Editeur (2006) – « Nice et le Saint-Suaire », recherches historiques conduites par Christian Borghese. En vente à la chapelle du Saint-Suaire – 06300 Nice -Tel : 06 11 58 10 65 – ENQUETE SUR LE SAINT SUAIRE, Daniel Raffard de Brienne, Editions Claire Vigne LE SAINT SUAIRE, Frère Bruno Bonnet-Eymard Editions C.R.C EVANGILE ET LINCEUL, Antoine Legrand, Editions François-Xavier de Guibert. NOUVELLES DECOUVERTES SUR LE SUAIRE DE TURIN, André Marion et Anne-Laure Courage, Editions Albin Michel L’ENIGME DU LINCEUL, la profezia dell’anno 2000, Arnaud Aaron Upinski, Editions Fayard JE SUIS LE LINCEUL, Jacques Anquetil, Editions Jean Claude Lattes CONTRE-ENQUETE SUR LE SAINT SUAIRE, Maria Grazia Siliato, Editions Plon pour la traduction française LE SAINT SUAIRE Guide, Gino Moretto, Editions Mediaspaul pour la traduction française Autres ouvrages consacrés aux Confréries niçoises : Lou Sourgentin N°179 : « Pénitents du Comté de Nice » Déc. 2007 Tel : 04 93 56 86 64 Pénitents des Alpes-Maritimes, Editions SERRE – 1981 : -7 rue de Roquebillière 06359 Nice Cedex 4 – France Tél. : +33 (0)4 97 09 83 00 Fax : +33 (0)4 97 09 83 05 E-Mail :info@serre-editeur.com La chapelle de la Miséricorde, Paul et Jean Castela. Institut d’Etudes Niçoises – 1993 En vente à la chapelle de la Miséricorde, cours Saleya 06300 Nice Nice-Historique : Paul-Emile Barberi. Peintre et architecte 1775 – 1847 (1997 N° 4 – 100ème année) Nice-Historique : Les Confréries de Pénitents à Nice – (Janvier-mars 2004 N°1 – 107éme année). En vente à la chapelle du Saint-Suaire – 06300 Nice -Tel : 06 11 58 10 65 |